Le livre de la route vers l'est

Nous autres étions pendant ce temps concentrés, fumant la cibische comme on engloutit le vin nouveau une fois vendanges terminées, ruisselants d'anxiété, car point ne nous réjouissait alors de nous retrouver en turques geôles pour y gagner perpète, ainsi que le héros du film Midnight Express, et espérions fort que Barzan réussirait à ne pas se faire mettre la main dessus par les autorités, lesquelles ne nous auraient point crues s'il s'était agi de les convaincre que nous, chevaliers d'Occident, n'avions rien à voir avec ce malfrat criminel véhiculant l'interdit par-devers lui.

Clément Heinisch avait vingt et un ans quand, à l'été 1998, il est parti avec son ami Jacques dans l'objectif d'aller jusqu'en Asie centrale, admirer en particulier les merveilles de Boukhara et Samarcande. Voyageant le plus légèrement possible et le plus souvent en auto-stop, ils ont traversé la France puis l'Italie pour rejoindre le Nord de la Grèce en ferry, rouler jusqu'à Istanbul et aboutir à Van, non loin de l'Iran, avant de rebrousser chemin. Le Livre de la route vers l'Est rend compte de leurs aventures narrées dans un style comique de bonimenteur. Le lecteur suit ainsi deux jeunes hommes enthousiastes et avides de rencontres qui passent de surprises en déconvenues avec une certaine grâce. Mais ce récit s'avère être aussi la célébration d'un mode de voyage : l'auto-stop, élevé ici au rang d'art de vivre.